Flamboyante clôture de saison pour l’OCM!


Orchestre classique de Montréal

C’était mardi dernier qu’eut lieu le concert de clôture de saison de l’Orchestre classique de Montréal, qui est donné à chaque année à la superbe Maison Symphonique.

Pour ce rendez-vous dans le temple de l’acoustique, l’OCM nous avait concocté un programme double nommé Le Feu et la Glace, qui était dirigé par le chef Alain Trudel. Consistant en première partie d’une création par le compositeur québécois Maxime Goulet, la Symphonie du Verglas, la seconde partie était consacrée à Carmina Burana de Carl Orff.

Fin de saison, nouveau départ

Avec le départ prématuré du regretté maestro Boris Brott l’an dernier, l’orchestre s’est temporairement retrouvé orphelin de Directeur artistique et la saison 2022-23 en a été une de transition qui lui était d’ailleurs dédiée.

À l’aube de la 84ème saison toutefois, l’OCM est entre les (très) bonnes mains du maestro Lacombe qui, malgré son horaire chargé d’engagements à l’international, a officiellement été nommé Directeur artistique et chef principal.

Maestro Lacombe me confie: « Pour tous les postes de direction que j’ai assumés, j’ai toujours eu le soucis de bien connaître l’histoire de l’orchestre et sa personnalité. Un orchestre, c’est un peu comme un paquebot, il faut que les virages se prennent lentement et les prévoir à l’avance. Par conséquent, il faut d’abord que mon mandat s’inscrive dans la continuité mais en y apportant progressivement ma touche et ma personnalité.


Ma politique artistique s’articule sur trois axes: l’excellence artistique, l’originalité et la créativité de la programmation et la pertinence d’un notre rôle dans la communauté. Il y aura une place évidemment pour la création, les jeunes talents d’ici et la diversité. Taras [N.D.L.R. Kulish, le Directeur Général] étant un chanteur de formation, et moi-même étant notamment un chef qui travaille beaucoup à l’opéra, il est évident que la voix aura une place de choix dans notre programmation. »

Une première partie haute en couleur

Qu’on se le tienne pour dit, chaque minute de ce concert fût un régal pour les oreilles. La première partie a été consacrée à la Symphonie de la tempête du verglas du compositeur montréalais Maxime Goulet.

Rendant bien entendu hommage à la tragédie qui «célébrait» son 25ème anniversaire cette année, l’oeuvre était pleine de textures sonores, de couleurs harmoniques et suivait une logique de storytelling du début à la fin sans tomber dans les gimmicks de composition.

Déclinée en quatre mouvements (Tourmente, Chaleur, Noirceur et Lumière), la Symphonie nous a littéralement fait revivre chaque étape de cette épreuve, le tout avec beaucoup de beauté musicale.

J’ai particulièrement aimé Chaleur, qui faisait allusion aux soirées passées chez la parenté possédant de l’électricité, alors qu’on pouvait entendre des réminiscences de rigodons entre les lignes. Et que dire du magnifique solo de violoncelle dans Noirceur, honorant la mère violoncelliste de Boris Brott, interprété avec brio par Chloé Dominguez!

Orchestre-classique-de-Montréal
Crédit photo: Steve Gerrard

Carmina Burana

La seconde partie du programme n’était pas en reste en termes de plaisirs auditifs, alors que nous avons eu droit au célébrissime (pour de bonne raisons) Carmina Burana.

Personnellement, je ne me lasse jamais de cette oeuvre si belle et étrange à la fois. L’Orchestre classique de Montréal et tous les solistes, Aline Kutan Hugo Laporte et Antoine Bélanger, l’ont interprété de main de maître. Je dois toutefois souligner la participation d’Aline Kutan.

Bien que la soprano ait maintes fois chanté la partition (dont quelques fois sous le bâton de Maestro Lacombe), on avait l’impression de l’entendre la chanter pour la première fois tellement il y avait d’énergie dans l’interprétation. De plus, les aigus étaient aussi brillant et assurés qu’à son habitude: le Dulcissime était d’une pure beauté.

Un avenir ancré dans une tradition montréalaise

L’OCM fait partie du paysage culturel montréalais depuis très longtemps et son histoire d’amour avec notre belle ville devrait continuer de s’épanouir avec son leadership renouvelé.

« Ma relation avec l’OCM remonte à la période du McGill Chamber Orchestra », me raconte Jacques Lacombe.

« En fait, un des premiers concerts d’orchestre auxquels j’ai assisté lorsque j’étais enfant à Trois-Rivières, c’était l’Orchestre de Chambre de McGill sous la direction d’Alexander Brott. Mon premier contact direct avec l’OCM cependant s’est produit suite au décès tragique de Boris. Lorsque j’ai appris la nouvelle, j’avais envoyé un message de sympathies à mon ami Taras Kulish, le directeur général de l’OCM.

Le hasard des agendas a fait que j’étais disponible pour diriger le dernier concert de la saison 2021-2022 que Boris aurait dû diriger en mai 2022. Au programme: La Fantaisie-Chorale et la Symphonie no.3 de Beethoven. J’ai également dirigé l’enregistrement du disque des oeuvres de Maxime Goulet dont la Symphonie du Verglas en août dernier. Le contact avec l’orchestre a été excellent et j’ai senti que la chimie passait…»

Gageons que l’OCM nous réserve encore plus de belles rencontres musicales l’automne prochain pour sa 84ème saison!

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